PAROISSE ORTHODOXE DE CAPESTANG (HERAULT)

PAROISSE ORTHODOXE DE CAPESTANG (HERAULT)

Lettre du Grand Carême

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La pensée de la mort et du Jugement dernier comme prière de Carême.

Par Son Éminence le Métropolite Michel de Paris.

 

 


La première strophe du Triode de Carême commence par cette prière :

« Frères, ne prions pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève devra s’humilier ; humilions-nous plutôt devant Dieu, à la manière du Publicain, et disons comme lui : « Seigneur aie pitié du pécheur que je suis ». ( Lucernaire T.1)

La seconde strophe nous apprend le discernement entre une vie vertueuse et l’humilité :

« Le Pharisien, vaincu par sa vanité, et le Publicain, courbé par le repentir, se présentèrent tous les deux devant toi, notre Unique Seigneur ; le premier, si fier de lui, fut privé de tes biens ; l’autre sobre de mots, fut pourvu de ta grâce largement. Vois mes larmes et rends-moi plus fort, ô Christ notre Dieu, car tu es l’Ami des hommes » ( Lucernaire T.1) .

La troisième strophe nous apprend tout ce que le second baptême des larmes ( Saint Syméon le Nouveau Théologien) apporte en dons et en grâce :

« Seigneur ce que peuvent les larmes, je le sais : des portes de la mort elles sauvèrent Ezéchias, par elles la Courtisane fit oublier tous ses péchés, par elles aussi le Publicain fut justifier, et non point le Pharisien. Avec eux daigne me compter, Seigneur, et prend pitié de moi» ( Lucernaire T.1.) .

Nous sommes dès ces trois premières odes introduit dans le véritable esprit du carême : la recherche de l’humilité, sans laquelle personnes n’est sauvé, et les larmes qu’elle produit sans lesquelles aucune âme n’est purifiée.

Le Bon Larron dont nous avons l’assurance qu’il est sauvé, est introduit au Paradis par sa seule humilité, car il n’avait à se prévaloir d’aucune autre bonne œuvre pour être sauvé. Il n’a apporté au Seigneur sur Sa Croix que la multitude de ses péchés, que des mauvaises actions mais toutes amèrement regrettées. Il s’adresse tout d’abord au Mauvais Larron en lui reprochant d’insulter le Christ et en lui disant: « Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes : mais lui n'a rien fait de mal ». Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume ». Et Jésus lui dit : « Amen, Amen, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc XXIII,39-43) . Le Christ ne demande au Bon Larron, comme à nous mêmes dans ce carême, rien de plus que de se reconnaître pécheur, comme pour le Publicain, la Courtisane, Manassé, Ezéchias, David. La reconnaissance de nos péchés et de pleurer sur notre âme, voilà ce qui nous conduira au salut.

Toute prière se place directement dans le plateau que tiennent les anges redoutables du Terrible Jugement devant le Redoutable Juge. Le Christ l’atteste lorsqu’il prononce les deux sentences, l’une de condamnation et l’autre de salut : « Je vous le dis, ce dernier ( le Publicain) descendit chez lui justifié, l’autre ( le Pharisien) non. Car quiconque s’élève ( le Pharisien) sera abaissé et celui qui s’abaisse ( le Publicain) sera élevé » (Lc XVIII, 10-14) .

Les moines ne doutent pas que lorsque le Christ parle d’être abaissé, il est question de l’Enfer, et d’être élevé, il est question du Paradis et du salut universel.

Personne, lors du Jugement au moment de sa présentation devant le Christ ne pourra ajouter un seul mot, une seule larme, un seul souffle aux prières qu’il aura déjà faites ( ou omis de faire) sur la terre : dès que nous prions, le temps déchu de ce monde est aboli et nous sommes dans l’Apocalypse, le Jugement Dernier, la Parousie, la Seconde Venue sur Terre du Christ avec le partage des boucs ( le Pharisien) et des brebis ( le Publicain, la Pécheresse, Manassé, David, le Bon Larron…). « Prions pour racheter le temps car les jours sont mauvais » ( Eph .V,16) Désigne toute la vanité du Temps déchu de ce monde, et la nécessité d’anticiper sur le temps transfiguré de la Parousie. Car le temps éternel de demain est déjà là qui frappe à notre porte ; et lorsque le Christ s’adresse à nous tous : « Au plus petit à qui vous ne l’avez pas fait c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ». (Mt XXV, 31-46) Le Pharisien regardera toujours dans l’autre un plus petit que lui-même « Ce publicain ». Alors que le Publicain, la Courtisane, Manassé, Ezéchias, David, dans les larmes amères de la componction se reconnaissent chacun comme étant le « Plus petit ». Voilà l’humilité et les larmes qui purifient de ses souillures notre maison intérieure. Les moines ne prient pas autrement qu’en se plaçant intérieurement dans la situation du Jugement Dernier dans une auto-accusation permanente et douloureuse de leurs péchés qu’ils voient plus nombreux que le sable de la mer ( Saint Pierre Damascène).

Après notre trépas, notre âme n’aura à présenter au Christ aucune réalisation matérielle, même les plus glorieuses aux yeux des hommes. Le Pharisien, n’en doutons pas, était pourvu de bonnes œuvres. Il donnait aux pauvres, il était présent aux offices religieux, il travaillait jusqu’ à l’épuisement pour nourrir sa famille. Il avait des engagements de service dans la vie de sa ville. Ses vertus ne se comptaient pas ; mais avec elles il nourrissait son autosatisfaction et édifiait son idole de soi-même. « Je me suis édifié ma propre idole souillant mon âme de passions» (Ode 3. Jeudi de la Première Semaine) Toute sa vie il accomplissait sa volonté propre et non celle de Dieu. Nous ne disons pas ici, qu‘il ne faut pas remplir ses devoirs en ce monde, mais en premier, en premier, en premier : toujours chercher à accomplir la volonté de Dieu ce qui est totalement autre chose que nos engagements les plus louables en ce monde déchu.

Dieu voit ce que nous ne voyons pas, et Dieu ne voit jamais comme nous croyons voir.

Peu de personnes chrétiennes aujourd’hui se placent réellement dans cette double perspective : Plaçons-nous toutes nos actions devant Dieu ? Et la seconde question qui provient immédiatement après celle-ci : Avons nous réellement cherché à accomplir dans notre vie la volonté de Dieu ou seulement au travers de multiples justifications, à satisfaire notre volonté propre en la revêtant des meilleurs intentions ?

La mort viendra, et elle vient toujours. La pensée de la mort est contenue dans cette parole du Seigneur : « Je viendrai comme un voleur ! » (Apoc. XVI, 15), concerne tout autant la Seconde venu du Christ avec le Jugement dernier, que l’heure de notre propre mort. Ce qui signifie, que nous ne connaissons pas le jour et l’heure de notre départ vers Lui qui examinera notre vie. Les moines n’attendent pas la mort pour se présenter chaque jour dans leurs prières devant le tribunal du Christ, lors de sa seconde venue sur terre : « Dans les larmes, venez, prosternons-nous, fidèles, devant Celui qui nous jugera lorsque les cieux seront ébranlés, lorsque les étoiles tomberont et la terre chancellera, afin de trouver grâce finalement auprès de Dieu » (Dimanche de Carnaval Ode 7, 2 ème Strophe).

Si ce jour et cette heure nous étaient annoncés, que de priorités urgentes en ce monde pour nous avant de connaître ce moment, nous apparaîtraient soudain dérisoires remplies de fausses lumières qui n’éclairent pas, de fausses chaleurs qui ne réchauffent pas et de fausses consolations qui ne consolent pas !

La pensée de la mort nous projette dans le jugement du Christ sur notre vie. C’était la pensée du Publicain qui gémissait en pleurant sur les vanités de sa vie ; c’était celle de la pécheresse (Courtisane) qui pleurait sur les fausses consolations de sa vie ; c’était les larmes du roi David qui pleurait sur la femme qu’il avait choisie en dehors de la volonté de Dieu, car elle était déjà mariée.

Bon et saint Carême
Que la Trinité Toute sainte vous bénisse tous.

+Métropolite Michel de 
de Kerson 

Archimandrite du Monastère de la Protection  de Mère de Dieu.



23/02/2017

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